Colloque #8
Jeudi 24 & Vendredi 25 Avril 2025 - Auditorium du conservatoire, Montbéliard (25)
"Sorcières et autres Héroïnes, dans les Contes et dans la Vie"
SORCIÈRES & autres HÉROÏNES ?
« Pendant des siècles, l’accusation de sorcellerie a servi à exclure ceux dont la marginalité mettait en danger les conceptions dominantes, et en particulier les femmes. Mais de plus en plus, ce qualificatif prend une dimension positive ; il est revendiqué comme un signe de liberté et de restauration du pouvoir des femmes. » https://popsciences.universite-lyon.fr/ressources/wicca-religion-des-sorcieres/
A Celles qui ensoleillent le monde, Celles qui ensorcellent, Celles qui inspirent, Celles qui découvrent, qui inventent, Celles qui puisent leur pensée dans la nature, Celles qui œuvrent à un monde meilleur, Celles qui prennent soin, Celles qui donnent Vie, Celles qui écoutent, Celles qui veillent, qui éveillent, Celles qui accusent, Celles qui luttent, Celles qui subissent en restant dignes malgré tout, Celles qui vendent leurs corps et que personne n’écoute, Celles qui n’ont que leur courage, Celles qui parlent, Celles qui témoignent, Celles qui se rebellent, Celles qui sourient, Celles qui hurlent, Celles qui résistent aux haines, Celles qui s’épanouissent et se développent. Autant de sorcières ordinaires, autant d’héroïnes dont les actions, grandes ou petites, sont empêchées, niées ou invisibilisées. Ce huitième colloque leur est tout entier consacré, pour leur donner parole, pour écouter autrement leurs contes et leurs histoires, pour rendre hommage à plus de la moitié de l’humanité.Jeudi 24 Avril 2025
► 9h15 : Introduction (15 mn)
Mapie CABURET,
Conteuse & responsable artistique de
A la Lueur des Contes / Maison des Contes en Est
Ce huitième colloque fera la part belle aux femmes…
Simone de Beauvoir disait :
« N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question.«
Alors que penser de notre monde quand les droits acquis par les femmes sont encore loin d’être équivalents
à ceux des hommes ? Et que nous disent les contes de tout cela ?
Brigitte ROCHELANDET,
docteure en histoire des mentalités,
spécialiste des violences faites aux femmes de l’Antiquité au XXème siècle
Depuis toujours la sorcière fascine autant qu’elle effraie. Sa perception diffère de celle du sorcier, car la sorcière est protéiforme. Prêtresse antique vénérée, inquiétante jeteuse de sorts au Moyen Age, criminelle diabolique persécutée à la Renaissance, magnétiseuse respectée aux 18e et 19e siècle, la sorcière est devenue dans les années 1960 une icône féministe symbole du combat contre le patriarcat. Comment expliquer ces métamorphoses ? Les sorcières d’aujourd’hui sont-elles vraiment les filles des sorcières d’hier ?
► 11h00 : Se libérer de Barbe Bleue (45 mn + 15 mn d’échanges avec le public)
Edith LOMBARDI,
psychologue, autrice, formatrice, conteuse ; intervient auprès de Solidarités Femmes
Les filles avisées, courageuses, qui se libèrent du prédateur dans les contes populaires de type Barbe-Bleue sont à l’image de ces femmes qui luttent chaque jour contre les violences qu’elles subissent, qui luttent pour elles, leurs sœurs, leurs enfants, et qui se libèrent.Modestes héroïnes du quotidien, elles échappent à leur statut d’objet et deviennent sujets à par entière. Les contes tels que l’Oiseau d’Ourdi nous offrent des supports pour comprendre les manœuvres du prédateur et imaginer des issues à la relation d’emprise.
Nathalie LEONE,
conteuse, formatrice, autrice
Les contes sont des êtres vivants, et amphibies. Ils sont capables de marcher sur terre, et de disparaître parfois longtemps sous l’eau. Ils sédimentent, et portent en eux, malgré les aléas des époques et des interprétations, leur longue histoire. Dans cette perspective, je propose, à travers quelques exemples, de porter un regard ouvert sur des itinéraires féminins dans les contes, et leurs « qualités associées ».
Véronique de MIOMANDRE,
conteuse
La conteuse a eu la chance de rencontrer plusieurs « travailleuses du sexe ». De ces rencontres est né un spectacle, pour raconter celles qu’on entend peu parler, qui ont deux prénoms mais un seul corps…Véronique évoque ici ces rencontres, le spectacle et ses répercussions.
Gaëlle COGNEE,
artiste vidéaste
À partir des récits existants et fantasmés, compilés par une recherche documentaire, la vidéo Étendue de Jeanne en son territoire propre extrait des morceaux de l’Histoire de Jeanne d’Arc pour en proposer une version non linéaire. Adoptant un point de vue qui serait celui de Jeanne sur son monde (et pas une opinion), la vidéo tente de donner forme à des modes d’attention particuliers, depuis une sensibilité subjective (aux moutons, aux oiseaux, aux matières, aux aliments, au corps, aux paysages vus et parcourus, aux affaires politiques).
Mapie CABURET, Conteuse & responsable artistique de A la Lueur des Contes / Maison des Contes en Est
En guise de conclusion provisoire, quelques courts récits en résonances à cette première journée…
► 20h15 : Flora Tristan (durée : 1h – public adulte & adolescent)
Catherine GAILLARD,
Conteuse
A ses contemporains qui la surnommaient Madame la Colère, Flora Tristan répondait effrontément qu’elle était une paria. On est au début du XIXe siècle à Paris. Flora fait scandale, court les rues et les salons mondains pour dénoncer la misère sociale, la condition des femmes et des ouvriers, clamer le droit au divorce et à l’amour libre. George Sand la regarde d’un mauvais œil. Peu importe, Flora Tristan a le feu au corps et la foi à l’âme.Cette infatigable visionnaire ouvre la voie au syndicalisme et se fait la porte-parole d’un féminisme naissant.Avec sa fougue si particulière, la conteuse s’empare de la vie romanesque de cette figure historique, une vie où les passions amoureuses s’aiguisent à la lame d’une politique sans concession.
Vendredi 25 Avril 2025
Mapie CABURET, Conteuse & responsable artistique de A la Lueur des Contes / Maison des Contes en Est
Introduction de la journée et échos féminins de la veille…
Mapie CABURET,
Conteuse & responsable artistique de
A la Lueur des Contes / Maison des Contes en Est
La Belle au Bois Dormant et le consentement… Les contes de tradition seraient ils nocifs, misogynes et complètement dépassés ? En écho aux questions qu’agite notre société, au travers de quelques contes, allons bien plus loin qu’une analyse de surface qui risquerait de jeter le bébé avec l’eau du bain…
Myriam PELLICANE,
conteuse, formatrice
Depuis la nuit des temps, les mythes donnent à la sorcière une place ambivalente. Elle représente souvent le dernier bastion de résistance. Non-binaire, anticonformiste, elle apparaît à chaque épreuve et déconstruit notre perception du monde et du même coup nous invite à aiguiser notre attention. Dissonante, imprévisible, elle nous pousse dans le vide, son extravagance anime le corps, le cœur, elle nous emmène dans l’inconnu social, pour nous confronter à nous-même, pour enfin lâcher-prise. À travers le répertoire considérable des traditions orales et mes expériences de terrain, je questionnerai ce qui se raconte, se révèle, se réveille, en scène, dans les espaces d’exclusions, où les invisibles tentent d’inventer aujourd’hui la merveille d’être au monde.
Sylvie DEBRAS,
Femme de lettres (autrice, journaliste) et femme de parole : comédienne, chroniqueuse radio, enseignante de la maternelle à l’université, docteur en sciences de l’information
Sylvie Debras revisitera, façon conte, sa pièce Grosse ! qui bouleverse les stéréotypes sur l’obésité. Elle montrera comment certains contes – grosses vieilles sorcières et enfants engraissés – renforcent les préjugés à l’origine de la stigmatisation des personnes en obésité. Et présentera quelques héroïnes des temps modernes qui, malgré leur poids, surmontent les obstacles.
Isabelle CAMBOURAKIS,
sociologue, éditrice
« L’appropriation de la figure de la sorcière par les mouvements féministes n’est pas récente mais elle s’est intensifiée dans les années 1970 aux États-Unis comme en Europe dans différents milieux, des courants féministes spirituels aux espaces lesbiens radicaux. Depuis la déferlante #Metoo, et la montée des autoritarismes et des dangers accrus contre les droits reproductifs nous assistons à intérêt renouvelé pour ces figures populaires. Je reviendrai sur cette histoire féministe du retournement de stigmate en insistant sur sa généalogie et sur l’usage militant de cette appropriation «
Présentation du RNCAP (Réseau National du Contes et des Arts de la Parole) et de ses actions pour contribuer à ce que l’art de conter devienne la première discipline artistique réellement égalitaire au niveau Hommes/Femmes.
Conteuses conteurs présents
Plusieurs conteurs et conteuses présents lors du colloque vous offriront quelques-unes de leurs histoires…
Seront présents pendant le colloque :
– Editions Oui Dire (éditeur spécialiste de CD de contes)
– Revue La Grande Oreille
– Librairie Les papiers bavards, Audincourt
– A la Lueur des Contes / Maison des Contes en Est
– RNCAP Réseau National du Conte et des Arts de la Parole
Pour précéder / prolonger le colloque :
